75 ans de la Congrégation des Sœurs de l’Annonciation de Bobo-Dioulasso
4è Dimanche de Pâques
Dimanche 30 avril 2023 à Roubaix
Mère Jeanne, Sœur Maria, Monseigneur, et vous prêtres et diacres, Vous toutes, chères sœurs de l’Annonciation,
Chers frères et sœurs,
Les circonstances qui nous rassemblent aujourd’hui m’ont conduit à présider cette célébration d’action de grâces. Le nouvel archevêque de Lille n’ayant pas encore pris possession de son siège épiscopal, j’ai accepté de présider cette messe, et je me réjouis de la présence à mes côtés de mon frère et voisin de Reims avec lequel je me suis rendu à Bobo-Dioulasso en 2019 pour la grande fête du 1er août. C’est en effet dans le diocèse de Châlons que la Congrégation a implanté sa première communauté en France en 2006, à Dormans, magnifique initiative de mon prédécesseur Mgr Gilbert Louis. Les sœurs me disent que je suis leur Papa ! Lors de mon voyage au Burkina, j’ai mieux compris le sens de ce titre qui peut, au premier abord, amuser le français que je suis. Là-bas, on parle d’Église-famille, et aussi de l’Institut-famille des Sœurs de l’Annonciation de Bobo-Dioulasso. Il faut donc un Papa dans cette famille. J’essaie bien humblement, en relation avec mes frères évêques qui ont accueilli une communauté de SAB, d’accompagner les sœurs de la région Saint-Paul de France, y compris celles de leur dernière fondation, ici à Roubaix. Mais à vrai dire, le Papa, c’est votre fondateur, Mgr André Dupont, né à St André-lez-Lille en 1902, tout près d’ici. Missionnaire en Haute-Volta dès l’âge de 25 ans, ordonné prêtre là-bas et devenu vicaire apostolique puis premier archevêque de Bobo-Dioulasso, c’est lui qui eut l’intuition pastorale, dans le souffle de l’Esprit-Saint, de rassembler des femmes qui donneraient leur vie au Seigneur pour traduire en actes le message de l’Ange Gabriel à la Vierge Marie. L’Annonciation en actes aujourd’hui : Comme beaucoup d’entre vous, je suis témoin de l’ardeur missionnaire des sœurs et de leur engagement généreux à diffuser ce message. A travers elles, le Seigneur rend visite à l’humanité, tout particulièrement aux personnes fragiles, aux femmes, aux familles, aux personnes en deuil, aux migrants, aux malades. Il se fait proche de chacun par le dévouement des sœurs, l’exercice très concret de la charité, mais aussi leur témoignage de foi et d’espérance qui se voit sur leurs visages et s’entend dans leurs chants et le son du djembé. Cette annonce de l’Évangile rejoint celle des Apôtres après la résurrection du Seigneur. Ils ont les poches vides, mais la richesse du nom de Jésus à proposer pour remettre l’infirme debout. Rien ne les arrête dans leur prédication, pas même la prison d’où ils sortent délivrés comme Jésus sort de son tombeau. Ils invitent à la conversion, au Baptême (Actes des Apôtres). Ils touchent le fond des cœurs. Ils annoncent la promesse du salut à tous. Ils contribuent à la croissance de l’Église.Nous rendons grâce aujourd’hui pour ce déploiement missionnaire, tant au Burkina Faso qu’en France et en Algérie. Nous offrons toutes ces rencontres, ces visites, ces paroles, ces sourires et ces chants au Seigneur, avec le pain et le vin à l’autel, dans un instant. Lui-même fera porter le fruit attendu et espéré. C’est une grande moisson de miséricorde qui est donnée. Nos diocèses français, tous marqués par la décroissance des baptêmes, le manque de vocations, le vieillissement, l’apparition de paroisses gigantesques avec des dizaines de clochers, se réjouissent de la présence des sœurs et s’associent de très grand cœur à l’action de grâce.Évoquer l’Annonciation aujourd’hui est une joie et une lumière pour ce dimanche de prière pour les vocations. Nous tournons nos cœurs vers le vrai berger, le « gardien de nos âmes » (Ac), lui, le Christ, le Seigneur, le pasteur qui connaît ses brebis. Avec toute l’Église, nous voulons ouvrir nos cœurs à son appel. Il nous faut écouter sa voix, et seulement la sienne. L’Annonciation est un magnifique récit de vocation. Marie de Nazareth reçoit l’appel du Seigneur et se rend toute disponible : « que tout se passe pour moi selon ta parole » dit-elle à l’ange. Elle se donne tout entière pour donner la vie à l’auteur de la vie. Elle participe ainsi au dessein de Dieu qui vient épouser la condition humaine pour se faire proche et apporter le salut éternel à l’humanité. Par elle, donc, nous entrons en relation avec Jésus le Sauveur. Grâce à elle, nous recevons les bienfaits de sa miséricorde, le pardon de nos péchés. Par son oui, l’Évangile devient une personne, une parole, une présence. Par son acte de foi, Dieu est présent au milieu de nous.L’Église en France, je le disais, est marquée par des pauvretés multiples. La jeune Église du Burkina stimule sa sœur française plus ancienne de quelques siècles. Nous voici donc interpelés et bousculés dans notre routine. Le Pape François ne cesse de nous appeler à la conversion pastorale et missionnaire. Il nous faut pour cela écouter la voix du Seigneur qui nous appelle. Nous saisissons l’urgence qu’il y a à répondre à son appel pour annoncer qu’il est le Sauveur. L’engagement des chrétiens est généreux, les fidèles laïcs sont associés de près à la mission des pasteurs, et c’est heureux. Notre vocation de baptisés consiste à travailler le monde comme le levain dans la pâte. Nous sommes « le sel de la terre », « la lumière du monde ». Le Seigneur nous envoie par toute la terre annoncer l’Évangile aux nations, baptiser au nom du Père et du Fils et du Saint-Esprit, et apprendre à garder ses commandements. Les ministres ordonnés y participent selon le don qui leur est fait par l’ordination d’enseigner, de sanctifier et de gouverner. Les fidèles-laïcs y participent par leur présence et leur insertion dans toutes les réalités de la société, ainsi que par leur engagement concret dans l’animation des communautés chrétiennes. Les consacrées y participent d’une façon toute particulière en étant le signe du Royaume à venir que nous bâtissons ensemble. Je rêve d’une Église où tous les fidèles seraient des « frères et des sœurs de l’Annonciation » ( ! ) , joyeux, le cœur ardent à dévoiler la présence aimante et bienveillante de Dieu parmi nous. Parfois, nous sommes un peu endormis, peu entrains, découragés. Souvent nous sommes trop centrés sur nous-mêmes et nos petites affaires, et on en viendrait à se disputer et à se diviser – sûrement pas à Roubaix ! - alors que nous communions au même pain de vie, le Corps du Christ. Les sœurs de sont pas parfaites ni saintes … - pas encore ! - mais leur présence relaie dans nos cœurs l’appel du Seigneur à nous lever pour servir, pour annoncer l’Évangile, pour donner la joie au monde. Dans le passé, beaucoup moins maintenant, la France, « Fille ainée de l’Église » comme on l’apprend encore en Afrique, a envoyé là-bas de nombreux missionnaires, tel Mgr André Dupont. Aujourd’hui elle accueille des missionnaires venues d’Afrique. Les sœurs me disent leur surprise en arrivant en France quand elles constatent la situation de l’Église en France. La « Fille ainée de l’Église » a pris quelques rides ! Du coup elles perçoivent le défi qui est le leur de nous aider à développer la joie missionnaire. Merci Mère Jeanne. A la suite de celles qui vous ont précédée, vous guidez vos sœurs et les soutenez dans cette mission partagée avec nous. Merci Sœur Maria d’en être la déléguée pour les communautés implantées en France. Que le Seigneur soit béni en chacune des Sœurs de l’Annonciation ! Et que se lèvent de nombreux « me voici » pour répondre joyeusement à l’appel de Jésus.
Amen.
Dimanche 30 avril 2023 - Roubaix