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14 mai 2023 - Pèlerinage à L'Épine

Pèlerinage à L'Épine
14 mai 2023

Chers amis, Chers frères et sœurs,

Il y a 600 ans, on construisait ici la basilique qui nous abrite aujourd’hui. La tradition rapporte que des bergers avaient trouvé une statue de la Vierge Marie dans un buisson d’épines qui les attirait par sa lumière. On appela le clergé et l’évêque, les foules commencèrent à venir en pèlerinage. Il fallait une église plus grande que la petite chapelle. Ceux d’entre vous qui étaient à Lourdes avec moi se souviennent du thème du pèlerinage « que l’on bâtisse ici une chapelle ». Mgr Tissier aimait comparer L’Épine à Lourdes. Le « Lourdes » de la Champagne ! Les foules sont moins nombreuses, mais les signes du Ciel n’en sont pas moindres.Il y a 150 ans, mon lointain prédécesseur Mgr Meignan institua le pèlerinage local dans une dimension diocésaine. Le 29 mai 1873, ils étaient 2000 pèlerins, et 4500 le 15 août ! On est alors juste après la guerre de 1870 et les évènements dramatiques de la Commune à Paris au cours desquels l’archevêque, des prêtres et des religieuses furent fusillés. C’est aussi l’époque du « Vœu national » émis par les députés de consacrer la France au Sacré-Cœur de Jésus et de bâtir une basilique … à Montmartre.Plus récemment en 2007, mon prédécesseur immédiat, Mgr Louis redonnait vigueur à ce pèlerinage, s’appuyant sur ce qu’on appelait « le retour de Lourdes ». Chaque année, nous sommes heureux de nous rassembler, venant à pied depuis Saint-Memmie. C’est l’Église diocésaine, le Peuple de Dieu qui marche à la rencontre du Seigneur. Ici, à L’Épine, nous lui confions notre prière par l’intercession de Notre-Dame. Les foules sont moins nombreuses qu’en 1873 ou qu’en 1890 pour le 1er couronnement de la Vierge par Mgr Sourrieu (10 000 personnes), mais les signes du Ciel n’en sont pas moindres. Dans le projet missionnaire diocésain « Prophètes de l’espérance », j’ai partagé ma vision pour notre Église : développer des oasis pour accueillir de nouveaux croyants. Les témoignages que je reçois, et ce que j’observe moi-même et vis ici, indiquent bien que L’Épine est une oasis. Ici, par sa grâce, le Seigneur fait refleurir le désert spirituel : des personnes retrouvent le chemin de l’Évangile, le goût de l’Eucharistie, l’amour de l’Église, la joie de la prière. Ici des personnes se convertissent : elles demandent le baptême ; et si elles ont été baptisées tout jeune enfant, elles demandent le sacrement de confirmation, elles souhaitent communier pour la première fois. Ici, des pauvres entrent et se recueillent. C’est un flux incessant - plus en été qu’en hiver, c’est vrai - mais ils s’arrêtent, se mettent à genoux, allument un cierge. Ils prient, tel ce chauffeur de poids-lourd, ce touriste, ce pèlerin de Compostelle, ce foyer en difficulté, ce couple en désir d’enfant. Mais pourquoi donc ? « Venez et voyez les hauts faits de Dieu » avons-nous chanté dans le psaume 65. Comme dans les temps de l’Église primitive (cf la 1è lecture tirée des Actes des Apôtres), les possédés sont délivrés des esprits impurs, les paralysés et les boiteux sont guéris. Il y a ici une grande joie. Le Seigneur est à l’œuvre. Les rationalistes se refusent à le voir, les idéologues endurcissent leur cœur, les puissants n’en ont que faire, et même beaucoup de chrétiens finissent par en sourire. Pourtant, les pauvres, comme à Lourdes, nous disent que Dieu est là. Ils affirment que Marie est une Maman. Ils croient et ils prient. Et ceux qui reçoivent des grâces en témoignent. Jésus nous le dit dans l’Évangile : « Celui qui reçoit mes commandements et les garde, c’est celui-là qui m’aime ; et celui qui m’aime sera aimé de mon Père ; moi aussi, je l’aimerai, et je me manifesterai à lui. » Ici le Seigneur se manifeste à celui qui veut bien lui ouvrir son cœur. Demandez aux sœurs ! Beaucoup de confirmands adultes me le disent cette année dans leur lettre, des lettres qui sont particulièrement belles. Ils parlent de L’Épine, ils évoquent leurs conversations avec les sœurs bénédictines, ils mentionnent le nom des prêtres rencontrés qui les ont accueillis et guidés, et que je remercie du fond du coeur. « Venez et voyez les hauts faits de Dieu […] De là, cette joie qu’il nous donne. Il règne à jamais par sa puissance. Venez, écoutez, vous tous qui craignez Dieu : je vous dirai ce qu’il a fait pour mon âme ; Béni soit Dieu qui n’a pas écarté ma prière, ni détourné de moi son amour ! »Ils seront 57 adultes le dimanche de Pentecôte à recevoir la Force venue d’en-haut. 2 fois plus que les années précédentes. Jésus nous dit : « L’Esprit de vérité, lui que le monde ne peut recevoir, car il ne le voit pas et ne le connaît pas ; vous, vous le connaissez, car il demeure auprès de vous, et il sera en vous. ». Ici, dans cette oasis, sous le regard de Marie, je vous invite à vivre une Pentecôte, un renouveau. Près du puits, nous pouvons nous abreuver à la source spirituelle : la Parole de Dieu, la sainte Eucharistie, la communion de charité entre les membres du Corps. Cette journée de pèlerinage est une occasion de recueillir toutes grâces de miséricorde, de guérison, de réconciliation, de service mutuel, d’amour fraternel. Par la force de l’Esprit-Saint, nous voilà alors chargés de rendre compte de l’espérance qui est en nous, comme nous l’avons entendu dans la 2è lecture. Je compte sur vous tous, chers frères et sœurs. Je compte sur vous pour la Mission. Nous ne sommes pas là pour faire tourner nos paroisses comme on fait tourner une boutique. Je vous invite à ouvrir vos cœurs aux appels de l’Esprit, à vous laisser renouveler, à prendre toute votre part dans la vie et l’animation de l’Église, à vous regrouper en petites fraternités locales, à rejoindre les « volontaires pour la Mission ». Je vous invite à prier, à louer, à chanter, à adorer, à bénir Dieu. Je vous appelle à proclamer le cœur de la foi, le kérygme, à propager la Bonne Nouvelle. Je vous invite à donner votre vie en donnant un verre d’eau, un morceau de pain, un toit, un vêtement. « Rien n’est impossible à Dieu » répondit l’ange Gabriel à Marie qui lui répond alors : « je suis la servante du Seigneur ». Rien n’est impossible, et c’est pourquoi nous aimons nous tourner vers Celle qui a tout donné pour que l’œuvre de Dieu s’accomplisse. En ce jour du 150ème pèlerinage diocésain, j’ai la joie de vous annoncer solennellement que Notre-Dame de L’Épine devient la sainte patronne de notre diocèse ! Voici le décret du Cardinal Roche, Préfet du Dicastère pour le culte divin et les sacrements ! Ma demande date d’il y a quelques mois… après avoir relancé avec insistance, j’ai reçu la réponse le mois dernier. La solennité du 8 mai, ou du Dimanche qui suit le 8 mai, demeure donc dans le calendrier de notre Église diocésaine, et trouve un éclat particulier. A cela, je peux ajouter que le Dicastère, par téléphone… j’attends le décret…, m’a accordé aussi la faculté d’inscrire au calendrier liturgique la mémoire de la Bienheureuse Odette Prévost le 7 juin, jour anniversaire de sa confirmation, quand elle reçut l’Esprit-Saint qui lui donna la force d’accepter le martyre à Alger le 10 novembre 1995. Bientôt, je l’espère – ma demande aura bientôt 2 ans - je recevrai l’approbation des nouveaux livres liturgiques pour le diocèse.Marie, Notre-Dame de L’Épine, nous nous tournons vers Vous et nous déposons à vos pieds nos intentions de prière, car « rien n’est impossible à Dieu ». Et nous reprenons la prière de consécration qui conclut « Prophètes de l’espérance » : « Que le diocèse de Châlons, au cœur duquel vous nous rassemblez en ce lieu béni, vous garde toujours comme sa Mère et sa Reine, l’Étoile qui conduit vers Jésus le Sauveur. […] Notre-Dame de L’Épine, priez pour nous. Notre-Dame de L’Épine, veillez sur nous. Notre-Dame de L’Épine, guidez-nous. » Amen. Alleluia !