12. Avant de détailler les grandes orientations que je vous propose, je crois utile d’exprimer en quelques mots ma vision de l’avenir pour notre Église diocésaine. Cette vision s’est construite avec le temps, elle n’était pas innée. Il a fallu chercher, observer, se projeter, écouter, prier. Nous n’allons pas rester à Babylone ! Comme Néhémie qui reçut de Dieu, au retour de l’exil, la « vision » de rebâtir Jérusalem, je vous communique aujourd’hui, avec humilité et dans la joie, la vision pastorale que j’entends développer avec vous tous : dans la situation actuelle, notre Église diocésaine est appelée à « Développer un réseau d’oasis pour accueillir de nouveaux croyants ». Je vous invite à accueillir cette vision dans vos cœurs, à la laisser grandir et mûrir pour ensuite la poursuivre avec espérance.

13. Je crois en effet que les chrétiens que nous sommes et ceux qui nous rejoindront auront besoin, dans les années qui viennent, de ces oasis, lieux et moments de vie, de nourriture, de fraternité, au milieu du désert. Chaque oasis ne sera pas comme une île perdue au milieu de l’océan, mais elles seront toutes reliées entre elles. Dans la bulle de l’Année Sainte de la Miséricorde « Misericordiae Vultus » (2015), le Pape François nous disait que c’est le cœur de notre mission : « là où l’Église est présente, la miséricorde du Père doit être manifeste. Dans nos paroisses, les communautés, les associations et les mouvements, en bref, là où il y a des chrétiens, chacun doit pouvoir trouver une oasis de miséricorde » (§12). Nommé et ordonné évêque pendant cette année de la Miséricorde, j’ai toujours senti un appel intérieur à inscrire mon ministère dans cette dynamique.

14. Dans cette vision, je vous partage aussi ma préoccupation pastorale permanente : voir de nouveaux chrétiens rejoindre la communauté de l’Église du Christ. Nous n’avons pas vocation à entretenir un musée, à maintenir toujours les choses comme elles sont (Pape François, EG § 25), ou à rester entre nous. L’Église « n’a pas besoin de bureaucrates, ni de fonctionnaires diligents, mais de missionnaires passionnés, dévorés par l’amour de porter à tous la parole consolante de Jésus et sa grâce régénérante » (François, audience du 14 août 2016). Nous sommes envoyés dans le monde pour « faire des disciples », baptiser et apprendre à garder les commandements du Seigneur (cf Mt 28,19-20). Le trésor de la foi se partage. On ne l’impose à personne tels des prosélytes arrogants, mais on le propose à tous comme des témoins bienveillants. Une contagion de la foi : « L’Église ne grandit pas par prosélytisme mais par attraction » (EG 14). Les Apôtres accueillaient de nouveaux croyants par milliers, qui voyaient les signes accompagnant la Parole (Mc 16,17-18 ; Ac 5,12 ; 6,8). À leur suite, je souhaite que notre Église diocésaine, plutôt que de se laisser gangrener et asphyxier par le défaitisme, se lance avec confiance et espérance dans cette dynamique de croissance à partir des oasis. De quelle façon ?