La visite de Notre-Dame de L’Epine : une expérience éblouissante ! 

Il faut se rendre sur place pour découvrir avec émerveillement la beauté architecturale de la basilique, avec ses jeux de lumière et leurs infinies variations au long des heures et des saisons… Un véritable « buisson de lumière », grâce à la pierre blanche de Savonnière sculptée comme une dentelle par le gothique flamboyant. Y entrer, c’est vivre un moment de paix et de sérénité.

Lors de votre venue, prenez le temps de vous arrêter pour quelques instants de contemplation devant les principaux trésors de la basilique. D’ici là, n’hésitez pas à regarder le documentaire réalisé par Le Jour du Seigneur sur le sanctuaire de L’Épine :

La façade et ses deux flèches

La façade occidentale se signale par sa grande monumentalité : il s’agit d’une façade harmonique comportant trois portails et deux tours d’inégale hauteur, dotées de flèches. 

De style gothique flamboyant, la décoration de la façade développe le thème du buisson ardent, avec un mélange de feuillages, de fleurs et d’épines. Au centre, par-dessus la grande rose, un gable sur lequel Christ en croix, couronné d’épines, accueille les pèlerins. La plupart des statues ont disparu lors de la Révolution française. Les trois portails sont l’œuvre de Florent Bluet, qui a réalisé les tours de la cathédrale de Reims. Sur une pierre de base en bas à droite entre les eux portails, une inscription annonce l’assassinat à Paris du roi Henri IV (14 mai 1610), les troupes royales stationnant à L’Epine. 

La flèche sud (55m), plus haute en l’honneur de la Vierge Marie, est couronnée de fleurs de lys, symbole marial qui deviendra par la suite l’emblème des rois de France. Elle a été construite grâce à l’offrande du roi Louis XI. 

La flèche nord, plus petite dès l’origine, a été rasée en 1794 pour la construction du télégraphe Chappe (système de communication militaire reliant Paris et Strasbourg). Elle a été reconstruite à la demande du curé de L’Epine en 1868 grâce à un don de Napoléon III, de passage au camp militaire de Mourmelon. En remerciement, la couronne de la flèche nord est ornée d’aigles impériaux. 

La statue de Notre Dame de L’Épine

La statue de Notre-Dame de L’Epine, découverte par les bergers, date de la fin du XIIIème siècle ou du début du XIVème siècle. Une légende raconte que pour signifier le choix de la Vierge Marie d’être vénérée à L’Epine, la statue se serait fait si pesante, qu’elle n’aurait pas pu être déplacée… ! Elle a été sauvée de la destruction par les paroissiens pendant la Révolution. Depuis le rite solennel du couronnement en 1890, elle est couronnée deux fois par an : lors de la fête patronale (pèlerinage diocésain le dimanche le plus proche du 8 mai) et à l’Assomption (15 août). Une copie (XIXème siècle) demeure de manière habituelle dans la basilique sous le jubé. La statue originale est exposée lors de ces mêmes fêtes.

Le jubé

Construit au XVIème siècle, il a échappé à la destruction. Couronné d’une balustrade ajourée avec épines, il servait à proclamer l’Evangile à l’époque où les moyens de sonorisation n’existaient pas. Cachés dans la décoration du jubé, deux escargots sur feuilles de salade symbolisent « la foi en progrès » (en effet, l’escargot ne sait pas reculer !). Autrefois, les mariages avaient lieu sous le jubé. Sur le jubé, les insignes de la clochette et du pavillon, donnés par le pape Pie X, rappellent que l’église de l’Epine a été élevée au rang de basilique en 1914.

La poutre de gloire

Au-dessus du chœur, « la Poutre de gloire » (XVIème siècle) nous présente le Christ en croix couronné d’épines (sa « couronne de gloire »). Au pied de la croix, la Vierge Marie en prière et le disciple bien-aimé saint Jean accueillent son offrande (évangile de Jean chapitre 19). C’est une image de l’Eglise.  A ses extrémités, la croix fleurit en fleurs de lys, annonce de la vie qui jaillira de la mort par la Résurrection.

La mise au tombeau

Cette œuvre remarquable de 1550 provient du couvent des Cordeliers à Chalons. Rachetée par l’église de l’Epine à la Révolution, elle a été sauvée de la destruction. On y voit la scène de l’ensevelissement du Christ le soir du Vendredi Saint par Nicodème et Joseph d’Arimathie, habillées en bourgeois chalonnais. Derrière, les saintes femmes regardent et prient. On reconnait en particulier la Vierge Marie, plus richement vêtue, soutenue par le disciple Jean, et Marie Madeleine, avec ses longs cheveux. Les autres femmes (Salomé et Marie Jacobée) sont représentées en femmes du peuple du Moyen-Age, le trousseau de clés à la ceinture. Toutes portent déjà les aromates qu’elles apporteront au matin de Pâques lorsqu’elles découvriront le tombeau vide. Ainsi, malgré les larmes sur les visages, cette Mise au tombeau est déjà tout empreinte de paix profonde et du parfum de la Résurrection.

Les vitraux

Seuls subsistent des vitraux d’origine quelques anges musiciens, dans la partie supérieure des ouvertures (à droite de la tribune d’orgue par exemple). Les autres vitraux (fin du XIXème siècle-début du XXème siècle) représentent :

  • dans la nef, le cycle de la vie du Christ et de la Vierge ;
  • dans le transept, des scènes historiques (offrandes des rois de France pour la construction, sauvetage de la statue à la Révolution) ;
  • dans les chapelles latérales : la vie des saints protecteurs de l’enfance (saint Nicolas) et de la France (sainte Jeanne d’Arc), le couronnement de Notre-Dame de l’Epine (chapelle de la mise au Tombeau),
  • et à trois reprises, la découverte de la statue de la Vierge dans le buisson ardent par les bergers (chapelle saint Jean-Baptiste, chapelle axiale et au-dessus du puits).

Le Tabernacle reliquaire

Un Trésor monumental a été édifié en 1547 sur la clôture nord du chœur. Cette petite construction en pierre a la forme d’une châsse hérissée de pinacles et d’une flèche imitant la grande flèche sud de la façade. A l’intérieur, un siège et un coffre. Sur le mur : une fresque représentant Marie entourée de symboles bibliques, ancêtres des litanies de la Vierge. Voir aussi…

Ouvert par une fenêtre et une porte sur le déambulatoire, le trésor servait, semble-t-il, à présenter aux pèlerins les reliques (de la sainte Croix et du saint Lait de la Vierge, fragment du sol de la grotte de Bethléem) et à recevoir les offrandes. Une partie de l’édicule, séparée par une cloison, servait alors de tabernacle. Aujourd’hui, le Tabernacle-reliquaire est le lieu où les pèlerins déposent leurs intentions de prière.

Le puits

D’une profondeur de 26m, c’est le puits de construction du chantier. Il a aussi fait fonction de puits de village. Les pèlerins ayant pris l’habitude de boire l’eau par dévotion, il n’a jamais été retiré. La tradition et de nombreux témoignages attribuent à l’eau du puits des grâces de fécondité et de guérison. En reconnaissance, il a été surmonté d’une couronne et nommé au XIXème siècle : « Puits de la sainte Vierge ». En savoir plus

Les grandes orgues Renaissance 

Placé en tribune dans le transept nord, le superbe buffet d’orgue Renaissance est un joyau exceptionnel de la basilique, l’un des plus anciens buffets de France. On n’en connait pas le facteur mais on sait qu’il fut construit en 1542, peu de temps après l’achèvement de la basilique. La tribune et le buffet sont richement sculptés. La tribune comporte quinze caissons sculptés qui représentent huit apôtres et sept divinités romaines correspondant aux sept jours de la semaine.

Du matériel original, il ne reste quasiment rien. On sait que les jeux de Montre 8’ et le Principal 4’ du grand-orgue ainsi que la Flute 8’ du Positif sont des jeux anciens. L’orgue a été restauré en 1645-1646 par Jehan de Villiers, facteur d’orgue à Châlons-sur-Marne (Marne). La Montre date peut-être de cette intervention. Le fronton renaissance est daté du 17ème siècle. Le buffet de l’orgue a été classé aux Monuments Historiques en 1840. L’instrument a été reconstruit en 1855 par Nicolas-Augustin HUBERT d’Epernay (Marne). L’orgue a été pillé pendant la première guerre mondiale et il restera muet pendant plus de 60 ans. En 1983, le facteur Jacques PETIT-FALAIZE de Signy-l’Abbaye (Ardennes), a reconstruit un instrument neuf de 16 jeux dans le buffet historique.

L’orgue de la basilique a été complètement restauré en 2020 grâce au soutien de la municipalité et de l’Association des Amis de la basilique. Il accompagne les offices liturgiques des dimanches et fêtes. Des concerts sont organisés dans le cadre du Festival de Musique ancienne et sacrée de L’Epine en Champagne. Voir aussi…

Les gargouilles

Décrites par Victor Hugo, elles ont fait la célébrité de l’église de L’Epine ! Selon l’imaginaire du Moyen-Age, les 120 gargouilles de la basilique représentent divers personnages de la vie quotidienne, des animaux et des monstres fantastiques.

Contrairement aux sculptures et statues qui ont pour but de porter à la prière (personnages des portails, anges…), les gargouilles ont pour fonction première l’évacuation des eaux de pluie. Mais elles jouent aussi un rôle symbolique :

  • garder et protéger (chiens, lions…) la basilique
  • repousser les esprits impurs hors de l’église (diables, monstres…)
  • dénoncer par le rire les principaux vices (au chevet de la basilique : la calomnie, l’ivrognerie, la débauche… ; les animaux musiciens évoquent la vanité et la démesure).

 

Le chemin de croix extérieur 

Dans les années 1950, un chemin de croix a été installé le long du mur entourant le parc de l’ancien presbytère (1èrestation à partir de l’abri en bois sur le côté nord de la basilique, à côté de l’actuelle Maison saint Jean, 37 avenue du Luxembourg). Les croix, vétustes, ont été remplacées dans les années 1980 par un chemin de croix en pierre de Savonnières, œuvre du sculpteur meusien Claude Michel.

Les pierres du chemin de croix proviennent de l’ancien hôtel-Dieu de Chalons, incendié en 1940. Ainsi, les pierres qui ont abrité pendant des siècles la souffrance des malades soutiennent aujourd’hui la prière des pèlerins pour tous ceux qui souffrent à travers le monde. Le chemin de Croix, comme celui de Lourdes, comporte 15 stations : de la condamnation de Jésus par Pilate à l’annonce de la Résurrection par l’ange aux femmes le matin de Pâques.