LE MONASTÈRE INVISIBLE

Parole de Dieu

Sans Annonciation, pas de Visitation. Sans Esprit Saint, pas de mise en marche, pas de chemin vers l’autre. « Marie se mit en route et se rendit avec empressement » (Luc 1,39). La vie engendre toujours une course, une hâte. Pensons aux annonces de naissances dans la vie et dans la Bible (Luc 2,15-16) et aux récits de résurrection : dans les deux cas, les personnes se mettent à courir. Soit vers l’enfant nouveau-né, soit du Ressuscité vers les autres. La vie est dynamisme, mouvement. Et Marie, enthousiasmée par cette vie fraîchement confiée, accompagnée par l’Esprit et forte de sa foi, brave seule les dangers de la route pour rejoindre Élisabeth. Nous pouvons regarder sa course à travers les montagnes avec les yeux du prophète Isaïe et nous exclamer avec lui : « qu’ils sont beaux, sur les montagnes, les pieds du messager de bonnes nouvelles qui annonce le salut » (Is 52,7). En effet, Marie porte et apporte la Bonne Nouvelle à Élisabeth ! La mission dont Marie est chargée, la gravité de ce qu’elle vit explique sa hâte : tendue vers le but, elle court droit de l’avant… n’est-ce pas pour partager ce mystère d’amour qui lui est confié ? Marie, devenue la maison de Dieu, entre chez Élisabeth dont le nom signifie « maison de Dieu ». Cette rencontre, entre les deux femmes, nous invite à rester au niveau de l’amour et de la foi. Au niveau de l’amour car nous voyons que l’amour confié est aussitôt partagé en parole et en actes. En parole quand, l’une après l’autre, elles bénissent le Seigneur de ce qui leur arrive. En actes parce que Marie reste « environ trois mois » (Luc 1,56) au service d’Élisabeth. Au niveau de la foi quand Élisabeth bénit Marie pour sa foi, elle « qui a cru à l’accomplissement des paroles qui lui furent dites de la part du Seigneur » (Luc 1,45). Ces deux femmes ne sont-elles pas en train de nous montrer une liturgie véritable où amour et foi se rencontrent pour se nourrir mutuellement ? Ne sont-elles pas une icône vivante où liturgie et vie ne font qu’un parce qu’elles trouvent leur source l’une dans l’autre ? . 

Luc,
Chapitre 1, 39-56