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19 avril 2023 - Messe internationale à Lourdes

Messe internationale 
Basilique St Pie X - Lourdes 
Mercredi 19 avril 2023 

« Qu’on bâtisse ici une chapelle ».  

Chers frères et sœurs, chers malades qui êtes avec nous, chers amis pèlerins venus de différentes régions de France et du monde, vous le constatez comme moi, la réponse a largement dépassé la demande ! Une chapelle … mais cette basilique est une immense chapelle, où nous sommes des milliers ! Si les diverses églises du sanctuaire sont nécessaires pour nous rassembler et prier ensemble, elles nous disent quelque chose de notre mission de baptisés et du mystère de l’Église. « Vous êtes une maison que Dieu construit », nous dit saint Paul dans sa lettre aux corinthiens. Vous, c’est chacun d’entre nous. C’est aussi nous, tous ensemble. 

Mais déjà, regardons : même si cette grande basilique est en béton, nous comprenons que Jésus est la pierre de fondation. Il suffit de regarder, en plein centre, l’autel sur lequel le diacre a pris le livre de l’Évangile pour proclamer la Parole et laisser Jésus nous enseigner. C’est sur l’autel que seront déposés le pain et le vin que nous offrirons au Seigneur avec nos vies joyeuses ou blessées, nos santés vaillantes ou affaiblies. C’est là à l’autel que nous recevrons le Corps du Christ en nourriture. Nos regards et nos cœurs sont tournés vers Jésus, le Seigneur, qui fait de chacun d’entre nous sa demeure, son sanctuaire. C’est sa volonté, c’est la mission qu’il confie à tous les baptisés. Nous sommes entrés dans la vie nouvelle avec lui, comme l’ont vécu nos néophytes il y a 10 jours dans nos diocèses : il s’agit pour nous d’être et de vivre comme des images resplendissantes de Jésus, vainqueur de la mort.  

Je vous invite à répondre personnellement à cette demande adressée par Notre-Dame à Bernadette : « qu’on bâtisse ici une chapelle ». Cela se traduit ainsi : que votre participation au pèlerinage vous fasse devenir vraiment la demeure de Dieu, une petite chapelle, une maison pour le Seigneur. Rappelez-vous : « vous êtes une maison que Dieu construit ». Chacun est arrivé ici, peut-être un peu comme une chapelle en mauvais état ou en ruine, la vie chrétienne plus ou moins délabrée ou déstabilisée, les idées ou le cœur en désordre, la conscience plus ou moins troublée par ses péchés, la santé du corps ou de l’âme fragilisée, la joie effacée devant le pessimisme… il s’agit ces jours-ci de bâtir sur le roc, de creuser profond pour établir des fondations solides. Les différentes démarches vécues ici - messe, chapelet, procession mariale, procession eucharistique, geste de l’eau, sacrement de pénitence et réconciliation, attention aux plus fragiles, service des autres… - tout cela, ce sont des outils pour bâtir. Les prêtres et diacres, que je salue tout particulièrement et que je vous invite à remercier, vos évêques aussi qui vous accompagnent, sont là pour vous aider à devenir une maison de Dieu. Ils essaient de l’être eux aussi, ils savent que le chantier n’est pas facile, que le combat est parfois rude. Ce serait si facile de bâtir « à même le sol, sans fondations », mais attention quand le torrent se précipite, les épreuves de la vie, les tentations tenaces, la paresse ou l’indifférence, la maison risque de s’effondrer. C’est le moment de faire comme Bernadette en creusant au plus profond de votre cœur, en écartant la boue pour aller chercher la source de la miséricorde, boire l’eau vive du salut, accueillir la grâce de Dieu qui nous remet debout. 

En devenant ainsi chacun la maison que Dieu construit, nous participons ensemble à la construction de l’Église, le Peuple de Dieu, le Corps du Christ. Nous apportons chacun notre pierre à l’édifice : la pierre du pilier, la pierre du seuil, le chapiteau qui décore, le linteau de la porte, le berceau de la voûte, les montants des fenêtres, les marches de l’autel… chacun à notre place et selon notre vocation personnelle, nous sommes les pierres vivantes qui servent à édifier cette chapelle, l’Église du Seigneur, « signe et moyen de l’union intime avec Dieu et de l’unité de tout le genre humain » (Vatican II, Lumen Gentium §1). L’évêque n’est pas un gardien du patrimoine chargé d’entretenir les vieilles pierres. On sait qu’il y aurait à faire ! Mon cœur de pasteur se soucie des pierres vivantes : ne laissez pas passer la grâce de Lourdes. Rassemblés là, autour de Jésus, la pierre de fondation, que notre écoute de la Parole et notre communion à la sainte Eucharistie fassent de chacun de nous des pierres vraiment vivantes, et de nous tous ensemble la grande et sainte Église du Seigneur.  

De retour chez nous, nous laisserons nos amis et connaissances visiter notre petite chapelle intérieure toute rénovée et embellie. Notre témoignage leur permettra de rencontrer Jésus, et de construire à leur tour sur le roc. 

  Amen.