​​

15 octobre 2023 - Basilique du SACRÉ-COEUR de MONTMARTRE

Anniversaire de la Dédicace de la Basilique du SACRÉ-COEUR de MONTMARTRE - Dimanche 15 octobre 2023


Frères et sœurs,

En célébrant aujourd’hui l’anniversaire de la dédicace de la basilique du Sacré Cœur de Montmartre, nous sommes invités par la sainte liturgie à contempler l’œuvre de Dieu dans le monde et dans nos vies. Ce monument parisien emblématique, si l’on en croit les foules de touristes amassés sur les marches de la colline, est beaucoup plus qu’un monument. Sa stature étonnante, sa situation au cœur de la ville sur le sommet d’une butte importante avec un panorama remarquable, tout nous dit qu’il n’est pas là par hasard. La nef, la crypte, le chœur, la mosaïque, les chapelles, disent au touriste et au visiteur que c’est le Temple du Seigneur. Chacun peut se sentir appelé, attiré par le silence, par le chant des psaumes, et aussi par ce qui est donné à voir : l’ostensoir présentant Jésus. Ici, on se prosterne, on joint les mains, on lève les yeux, on ouvre son cœur. C’est le Seigneur qui nous accueille en sa maison. Célébrer l’anniversaire de la dédicace de la basilique, c’est faire mémoire de notre baptême qui nous a donné accès à la source de la vie, au trésor de la foi, et à la communion de l’Église.

1/ La source de la vie
Le prophète Ézéchiel décrit sa vision de l’œuvre de Dieu. Un torrent coule du seuil de la maison et irrigue le monde, de l’orient à l’occident, donnant vie aux animaux, aux plantes et aux arbres qui sont sur les deux rives : « la vie apparaît en tout lieu où arrive le torrent » nous dit le prophète, « cette eau vient du sanctuaire ». Le Cœur de Jésus est justement ce lieu saint, cette source de vie et de miséricorde que nous contemplons ici. Par le baptême, nous avons accès à cette source. De jour en jour, la grâce du Seigneur nous vivifie, nous fortifie, nous sanctifie. Nous sommes déjà - et nous devenons encore - des images vivantes de Jésus mort et ressuscité. La joie de l’Évangile habite nos cœurs parce que, en Jésus, l’envoyé du Père, le Fils éternel de Dieu, nous recevons la vie, la nourriture pour cette vie, et le remède pour nos vies blessées : « Dieu est pour nous refuge et force » avons-nous chanté dans le psaume 45. Depuis 150 ans, les pèlerins viennent ici se réfugier dans les bras du Seigneur, ouverts pour nous embrasser dans le mystère de l’amour divin. Ils viennent se nourrir de la Parole de Dieu et du Pain de Vie. Ils viennent reprendre force en reconnaissant leurs péchés et en recevant le pardon. C’est la maison du Seigneur. C’est la maison de tous les disciples du Seigneur. C’est la maison où chacun peut faire l’expérience de la proximité de Dieu, de sa tendresse et de sa bonté. La source, le torrent, continue de couler et de donner la vie. Jamais cette source ne tarit car Dieu est amour.

2/ Le trésor de la foi
En recevant le saint Baptême, nous avons accueilli dans nos cœurs la foi. En parcourant la basilique dans un instant et en proclamant la foi de l’Église qui est inscrite en douze articles sur les douze colonnes, nous allons ouvrir nos cœurs et nos intelligences à ce trésor qui nous vient des apôtres de Jésus. Nous allons plonger au cœur de la foi. Jésus l’a bien dit à ses interlocuteurs en évoquant le temple de Jérusalem : « détruisez ce sanctuaire, et en trois, jours je le relèverai ». Il annonçait le mystère de sa résurrection en parlant du sanctuaire de son corps, nous dit saint Jean dans l’Évangile. Célébrer la dédicace de la basilique, c’est peut-être se souvenir de sa construction et admirer la foi de ceux qui l’ont lancée. C’est surtout demander au Seigneur une foi solide, inébranlable pour que notre vie ne s’écroule pas comme la maison construite sur le sable, sans fondation. Les dangers sont là, les pièges nous guettent à la moindre faiblesse. Notre monde est en proie à tant de violence et de souffrances, notre société occidentale est déboussolée, et païenne à bien des égards, nous pourrions baisser les bras, devenir tièdes, garder nos têtes d’enterrement et rester assis, las et tristes, ou abattus, à terre après nos chutes à répétition. Mais le Seigneur s’est relevé du tombeau, il a relevé le sanctuaire de son corps qui avait été cloué sur la croix, il nous relève, il nous remet debout, il nous ressuscite – c’est le même mot en grec. La basilique, lieu saint consacré à la prière et à la contemplation, est un lieu de résurrection. Oui, chacun, saint Paul nous le dit dans sa lettre aux corinthiens, nous sommes « un sanctuaire de Dieu, et l’Esprit de Dieu habite en vous [nous] ». Laissons le bâtisseur construire sa demeure en nous et la rendre toujours plus solide par la foi.

3/ La communion de l’Église
Enfin, en célébrant l’anniversaire de la dédicace de la basilique, nous entrons plus profondément dans le mystère de l’Église. Cette église-monument reflète le mystère de l’Église-famille des enfants de Dieu. Tout comme à la basilique St Jean de Latran, cathédrale du Pape à Rome, « mère et tête de toutes les églises de la ville et du monde », nous percevons ici quelque chose de ce corps dont nous sommes les membres, de cette construction dont nous sommes à la foi des ouvriers et des pierres vivantes. « Que chacun prenne garde à la façon dont il contribue à la construction », nous dit saint Paul. On pourrait se contenter de faire comme les touristes de Chine ou d’ailleurs, et prendre des photos. Mais notre célébration nous permet de nous situer dans cette construction en nous interrogeant : quelle est ma mission dans ce chantier ? Suis-je un ouvrier assidu au travail ? Suis-je une pierre taillée, sculptée, ciselée, une pierre de la voûte ou du parvis, ou bien une pierre gélive qui claque, ou une pierre qui part en poussière, se décompose et n’est plus bonne à rien ?

Au cœur de notre assemblée en ce jour béni, une sainte du Ciel : Sainte Marguerite Marie, messagère des secrets du Cœur de Jésus à Paray le Monial. D’autres l’ont été ici, confidentes du Seigneur et messagères de la miséricorde. Par exemple une contemporaine d’Adèle Garnier (la fondatrice des Bénédictines de Montmartre) : il s’agit d’Edith Royer qui, tant ici que dans le petit village de Saint-Rémy-les-Montbard, dans le diocèse de Dijon, vécut un dialogue intérieur avec le Seigneur Jésus, recueillit son message et son appel vibrant à la conversion. Elle dira : « Retenez bien ceci : dans le culte du Sacré Cœur, Paray est la source, Montmartre le trône, Saint-Rémy l’ermitage. » A nous de devenir les messagers de cette révélation d’amour du Cœur de Jésus. Et quand nous ne pouvons venir à Paray ou à Montmartre en pèlerinage, recentrons-nous sur l’ermitage de notre cœur afin qu’il devienne un cœur semblable au cœur de Jésus et que nous soyons vraiment la demeure de Dieu.

Amen.